Le traitement de la douleur dans le TUO

Produit par: Subject Matter Health Research Lab

Audio disponible en anglais seulement.

Faisons une expérience par la pensée. Imaginez que vous avez un trouble lié à l’utilisation d’opioïdes (TUO), ou « dépendance aux opioïdes ». Cette affection peut toucher n’importe qui et avoir des effets dévastateurs. Mais vous avez demandé de l’aide. La méthadone fait partie de votre traitement. Avec l’aide de ce médicament, du soutien et beaucoup de travail, vous avez une vie plus stable depuis près de deux ans. Mais les préjugés vous collent toujours à la peau. Et ils entraînent des difficultés majeures, notamment lorsque vous avez besoin de traiter une douleur aiguë.

Imaginez maintenant que vous vous cassez le bras. Vous êtes à l’urgence, et comme vous souffrez beaucoup, la médecin veut vous prescrire quelque chose pour vous soulager. Vous mentionnez la méthadone parce que vous savez que c’est important.

« En manque », « toxicomane », « risque élevé »…

Même s’il est courant de prescrire des analgésiques opioïdes pour ce type de blessure, vous sentez que la médecin ne vous fait pas confiance.

« Hum, il va vous falloir consulter votre fournisseur de méthadone. »

Vous recevez une dose d’analgésique et rentrez chez vous avec votre mal et un sentiment de rejet. Vous regrettez d’avoir parlé de la méthadone.

À la clinique de méthadone, le médecin vous dit qu’il ne s’occupe que la méthadone, et que vous devriez plutôt consulter votre médecin de famille.

Or, votre médecin ne peut pas vous voir avant la semaine prochaine. Et c’est maintenant que vous avez mal. Alors vous essayez le sans rendez-vous. Cette fois, vous ne parlez pas de la méthadone et on vous prescrit une faible dose d’opioïdes pour une courte durée.

À la pharmacie, le pharmacien regarde votre dossier.

« Ordonnances multiples », « risque de surdose », « diversion »…

Il vous sermonne sur le mélange de médicaments.

« Problème de drogue », « toxicomane »…

« À quoi bon »…

Le découragement vous guette, mais vous avez espoir que votre médecin de famille pourra vous aider. Mais avant votre rendez-vous, vous devez passer un test de dépistage de drogues.

« Difficile », « toxicomane »…

Votre médecin vous prescrit à contrecœur une autre faible dose d’opioïdes pour une courte durée. Elle vous dit que c’est votre fournisseur de méthadone qui devrait gérer la situation, et que votre dose devrait peut-être être augmentée.

Vous avez couru partout, vous ressentez de la frustration par rapport à ce que vous avez subi et votre douleur persiste. Vous vous sentez à court d’options. Que faites-vous? Vous recourez à une mesure que vous croyiez avoir abandonnée pour de bon : vous contactez un vendeur de drogues.

Vous savez que ce n’est pas sans danger, mais c’est une option pratique et disponible – et vous faites confiance à votre vendeur. Votre douleur est enfin soulagée, mais vous avez honte et craignez d’avoir ruiné vos progrès.

« Incapable », « échec »…

Maintenant, reprenons du début. Mais cette fois, les intervenants sont conscients de leurs préjugés, et des changements systématiques ont été apportés pour réduire l’impact de ceux-ci sur les soins reçus.

Lorsque vous dites que vous prenez de la méthadone, plutôt que de réagir avec méfiance et gêne, les intervenants vous posent des questions importantes :

« Depuis combien de temps prenez-vous cette dose de méthadone? »

Plutôt que de porter un jugement rapide, on dresse un tableau plus complexe de la situation. On vous dit que votre douleur devrait être traitée efficacement et suivie de près.

« À quand remonte la dernière fois que vous avez consommé d’autres opioïdes? »

On comprend que vous pourriez avoir besoin de doses plus élevées pour bien traiter votre douleur. On vous explique que chez certaines personnes ayant eu un trouble d’utilisation de substances, le cerveau perçoit la douleur différemment.

« Que diriez-vous de traiter votre douleur à l’aide d’un opioïde de plus? »

Les intervenants savent qu’augmenter votre dose de méthadone risque d’être peu efficace.

« Ce plan vous convient-il? »

On comprend que la détresse d’une douleur aiguë non traitée accroît le risque d’avoir recours à d’anciennes stratégies d’adaptation.

Maintenant que vous avez toute l’information nécessaire, vos professionnels de la santé et vous convenez d’un plan de traitement, ensemble.

Ce n’est pas simple, mais avec l’aide de votre équipe soignante, votre traitement donne de bons résultats. L’analgésique opioïde est réduit à mesure que votre douleur diminue, et vous continuez de prendre votre dose régulière de méthadone. Imaginez comment vous vous sentez maintenant.

Les préjugés humilient et discréditent les personnes ayant un trouble lié à l’utilisation d’opioïdes, et ils amènent les systèmes de santé à exclure les patients et à les couper des soins. Pour remédier à cela, les gens doivent prendre conscience de leurs biais, et les systèmes enracinés dans la stigmatisation doivent être réformés. Ce n’est que là que les patients obtiendront les soins bienveillants et fondés sur les données probantes qu’ils méritent.

Nous pouvons aller au-delà des préjugés.