La dépendance n’est pas un choix – les traumatismes et la dépendance modifient votre cerveau

Comment les traumatismes affectent le cerveau : réduire la stigmatisation envers la dépendance et l’utilisation de substances – Produit par CAPSA Canada

Liz :

Quand j’étais petite, je ne me sentais pas en sécurité à la maison, et on s’en prenait beaucoup à moi à l’école.

J’avais 14 ans quand j’ai bu de l’alcool pour la première fois. J’aimais comment je me sentais alors – j’avais toujours voulu me sentir comme ça – comme tout le monde. Je pensais que j’arrivais à gérer ma vie grâce à l’alcool. Mais je m’isolais de plus en plus. Avec le temps, j’ai commencé à mentir à mes proches, à cacher de l’alcool et à avoir des secrets. Tout ça pour pouvoir boire, sans me faire juger.

Je n’ai jamais voulu en venir au point où les gens diraient :

Narrateurs Multiples :

« Elle gâche sa vie »

« Pourquoi elle choisit l’alcool, et non sa famille? »

« Je ne comprends pas… »

« Bonne à rien… »

Liz :

J’ai commencé à penser que c’était ma faute et que l’alcool était plus important. Comment en suis-je arrivée là? Ai-je vraiment choisi la dépendance?

J’ai choisi de prendre un verre, comme plusieurs de mes amis, mais je n’ai pas choisi la dépendance.

Je me suis rendue compte que je devais être bien dans ma peau, pour moi. Puis, j’ai voulu comprendre ce qui me différenciait des autres…et pourquoi j’étais devenue dépendante de l’alcool, mais pas eux.

Une partie de notre cerveau s’occupe de notre bien-être, et si elle se dérègle, cela peut avoir des effets dévastateurs. La partie du cerveau directement derrière le front est appelée cortex préfrontal et assure le « contrôle exécutif » du cerveau.

L’une de ses grandes fonctions est de réguler différents circuits cérébraux, comme ceux de la peur et de la récompense. Par exemple, lors d’un événement traumatisant, le cortex préfrontal active le circuit de la peur et envoie des signaux à une autre structure cérébrale, l’amygdale, le « centre de la peur ».

À son tour, l’amygdale active une autre structure, appelée l’hippocampe, qui stocke de l’information sur les gens, les endroits ou les choses qui présentent une menace. Quand nous les rencontrons par la suite, l’hippocampe nous rappelle de les éviter.

Par contre, le circuit de la récompense semble moins actif après un traumatisme. Certaines personnes pourraient donc consommer des substances comme l’alcool ou l’héroïne pour se sentir mieux. Qu’est-ce que ça signifie? Pourquoi mon cerveau voyait-il l’alcool comme une bonne stratégie d’adaptation?

Les scientifiques sont maintenant d’avis qu’à la suite d’un traumatisme, le « circuit de la récompense » est hypoactif, et le « circuit de la peur » est hyperactif. C’est donc dire que le cortex préfrontal n’arrive pas à trouver un équilibre entre les deux circuits. Alors mon cerveau considérait l’alcool comme une solution, parce qu’il augmentait la récompense et diminuait la peur que je vivais.

À ce moment, l’important, ce n’était pas d’être heureuse, mais bien de survivre.

Sachant que des changements réels étaient survenus dans mon cerveau, j’ai appris à me traiter avec gentillesse et j’ai compris que je n’avais pas choisi la dépendance. Cela dit, je ne veux pas redevenir celle que j’étais quand j’ai commencé à boire.