Les mots que vous utilisez peuvent sauver une vie

Changer le langage stigmatisant de la dépendance pour appuyer le rétablissement – Produit par le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances

Audio disponible en anglais seulement

Gordon Garner :

Je m’appelle Gordon Garner. Je vis à Ottawa et je suis en rétablissement d’un trouble lié à l’utilisation de substances. Je suis président de la Journée du rétablissement d’Ottawa et je suis conseiller certifié en toxicomanie.

Chelsey June :

Je m’appelle Chelsey June. Je fais partie du duo musical Twin Flames. Je vis à Ottawa et je suis en rétablissement depuis 12 ans.

Jaaji :

Bonjour. Je m’appelle Jaaji. Je fais partie de Twin Flames. Nous sommes un groupe de musique d’Ottawa et cela fait à peu près trois ans maintenant que je suis en rétablissement.

Gordon Garner :

Les mots comptent car nous commençons par nous décrire nous-mêmes, et les gens nous décrivent en fonction de nos comportements qui résultent de notre condition et qui ne reflètent pas qui nous sommes. C’est nous-mêmes, en fait, qui n’approuvons pas nos propres comportements mais une fois plongés dans ces comportements, il n’y a aucun moyen de se sortir du raisonnement « Voilà ce que je suis, donc c’est ce que je suis ». Où est donc la porte de sortie? Si je suis une personne qui souffre de ces comportements alors je demeure une personne, j’ai une porte de sortie en cette personne. Je pense donc qu’il est crucial de changer le langage

Chelsey June :

Quand j’ai commencé à parler de mon rétablissement et que je me suis sentie suffisamment à l’aise de me confier à ce sujet, je disais que j’étais « propre » depuis le nombre d’années que cela représentait à ce moment-là. Mais quand j’ai rencontré Gord, il utilisait le terme rétablissement. Et je ne l’ai jamais entendu utiliser le terme « propre ». Donc quand je me suis décrite de cette manière, il a parlé du mot rétablissement et comment cela représentait une approche plus légère. Parce qu’en disant que vous êtes « propre », cela signifie presque que vous étiez sale, à un certain point, ou que vous faisiez quelque chose de mal. Et je pense qu’une partie du rétablissement et une partie de l’acceptation des choix faits dans le passé, c’est d’être capable de faire la paix avec ces choix et d’être fiers de ce que nous sommes aujourd’hui, en ce moment.

Jaaji :

Eh bien je pense que quand vous entendez des termes comme « abus » et « être propre » et utilisez ces termes répandus qui sont utilisés aujourd’hui, cela nous détourne du vrai problème.

Gordon Garner :

Tout le monde a son langage et sa propre expérience. J’essaie de respecter vraiment la manière dont les gens décrivent leur expérience. Mais en même temps, je veux reconnaître  ce que les recherches démontrent : que changer le langage change l’issue pour les gens. Donc nous ne voulons pas stigmatiser les gens en cours de rétablissement à cause des mots qu’ils emploient pour décrire leur expérience. Mais nous voulons analyser ces mots et voir s’ils sont toujours valables. Chelsey et Jaaji, sont des auteurs-compositeurs, de toute évidence ils croient dans les mots. Des mots différents produisent des résultats différents et ont des significations différentes. Je trouve que c’est une très belle chose.

Gordon Garner :

Lorsque j’ai assisté à l’un de leurs spectacles pour enfants la semaine dernière au CNA, les enfants étaient fous d’eux. J’ai dû faire attention pour ne pas les écarter pour pouvoir aller danser. Avoir cette opportunité, et voir le travail qu’ils accomplissent au sein des communautés (les voix et langages que je n’ai pas, l’imaginaire que je n’ai pas, et le talent que je n’ai pas) cela me remplit d’espoir pour l’avenir. Et de savoir que j’y ai un peu contribué me remplit de  joie. J’avais l’habitude de tout peindre en noir. Ça a été mon expérience pendant de nombreuses années. Alors de ne plus assombrir les choses mais amener de  la lumière, c’est une vie magnifique.

Et ce que je veux dire de très important, c’est que le langage que j’utilisais à mon sujet pour décrire mes comportements, comme s’ils étaient moi, ne me permettait pas d’avoir la vie que j’ai aujourd’hui. Et jusqu’à ce que je puisse imaginer être autre chose que mes comportements, je ne pouvais « être » . Donc je pense que l’imagination est cruciale. Et ces deux-là travaillent à plein temps à élever le niveau d’imagination des enfants pour qu’ils soient ensemble, pour qu’ils soient joyeux et qu’ils aient de bonnes vies. C’est magnifique. (chanson)